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Paris – Skopje

C’est une chose de clamer que rien ne nous retient, que les douaniers n’attendent que nous et que le blizzard peut bien aller se faire fondre, mais personne n’a envie de partir sur les routes avec un excédent de sagesse en bouche. Alors on s’occupe, on écoute des goguettes, on se déguise en expression, on repousse au lendemain les dernières paperasseries ; et puis une fois les quenottes extraites et la joue dégonflée, on réalise qu’on n’est toujours pas prêt, mais pourquoi ? ce fut probablement cet inconscient désir de faire un dernier beau scrabble. Alors voilà, on s’étouffe un peu devant la chance qui sourit, on place sans encore y croire le joli nonuple, on nettoie ses lèvres barbouillées d’éclair au citron et on est enfin prêt ! Ou en tout cas, on peut raisonnablement passer la nuit qui reste à boucler son sac à dos…

Pour le reste :

26 février, 6h15, à l’aire de Ferrières, dernier café en famille.

26 février, 8h10, après Reims : je m’autorise à finir ma nuit puisque ma conductrice polonaise ne décroche pas du téléphone.

26 février, 11h, après Metz : Elle est allée payer à l’intérieur de la station en me disant : « Je suis désolée, je ne peux pas te prendre, c’est une voiture de fonction ». Elle en resort et me lance : « Tant pis je te prends quand même. » Et si Munich c’était pour ce soir ?

26 février, 16h03, vers Rottenburg sur le Neckar. Je suis au milieu de nulle part, ma conductrice m’a emmené sur la mauvaise autoroute, à 30 bornes au sud de Stuttgart, les pieds piquent de froid, cette nuit ce sera probablement camping sous les sapins enneigés, et il fera froid.

26 février, 18h, (à nouveau) en vue de Stuttgart : « Tu me dis que tu vas camper sur une aire d’autoroute, tu sais c’est grand chez moi tu peux dormir à la maison. »

26 février, minuit, Esslingen : il y a mon conducteur, son frère et un ami, et beaucoup de cadavres de bières sur la table, ça parle de Souabes, de thèse à Pérouse et que Berlin ist so hipster, klaro!

27 février, 17h03 : j’ai pris le RER munichois (Paris-Munich, 2,70€) et voilà que je retrouve Julie à Universität, devant le fleuriste, mon sac à dos endormi entre les narcisses en promo.

27 février, 20h35, Poccistraße : j’ai vu le siège de BMW, j’ai mangé un kebab, on va boire des bières : pas de doute, c’est l’Allemagne.

29 février, 14h, quelque part dans le sud de la Bavière : les bourrasques de neige donnent envie de chanter du Fauve.

29 février, 15h30, périphérie de Salzburg : les Autrichiens sont à l’amabilité ce que Monsanto est à la permaculture.

29 février, 19h, Vrba (Slovénie) : je partage une bière avec mes conducteurs dans un sympathique bar, dans le village du plus connu des poètes slovènes, France Prešeren. L’un de mes conducteurs, Marko, a visité Hrvoji. Hasard formidable…

1er mars, 16h, Ljubljana : avec Matej et Metka, deux bénévoles de Hrvoji, dans le parc de Tivoli, où les jeunes crocus empourprent les pelouses.

2 mars, 23h, frontière croato-serbe : le routier turc qui m’a pris en stop vers Zagreb et moi-même sommes arrivés à la frontière serbe. On s’engage dans la longue file de poids lourds. Les douaniers contrôlent tout, et sans bakchich vous ne repartirez pas avant le matin.

3 mars, 3h30 du matin, aire serbe : une bière histoire de trinquer à cette damnée frontière enfin derrière nous. J’ai le droit de dormir dans la cabine !

www.pizzocaro.com

3 mars, 15h30, Belgrade : Dimitri commence son initiation à la vie belgradoise. La vie belgradoise se mesure en centaines de grammes (de viande).

4 mars, midi, Belgrade : c’est beau quand la boulangère découpe d’aussi larges parts de boureks (feuilletés à la viande, au fromage ou au jambon). Joyeux petit-déjeuner !

5 mars, 13h, périphérie de Niš : le stop marche si bien aujourd’hui que je n’ai même pas le temps de me dire « mec, dans cette ville est né Constantin » que déjà je trouve un routier macédonien bien disposé.

5 mars, 18h, Skopje…

carte ParisSkopje

Parmi mes chouettes conducteurs il y a eu Labinott, Barbara, Daniel, Marko, Victor, Marina, Tomer, Ohran, Aleksandar… Et au fil de mes piétaterres j’ai eu la chance de croiser Alexandra, Enrique, Simon, Giulia, Nada, Metka, Luka, Miroslav, et bien sûr de passer du temps avec Julie, avec Matej et avec Dimitri. Bise les copains !

Si j’avais pris l’avion, à la place de tout ça j’aurais eu un voisin chiant, un hublot plein de buée et un repas en plastique…